Vie de l'Association
PUBLICATION D'UN LIVRE
L'Association Fidélité et Ouverture publie un livre sur la crise de l'Eglise où elle propose des solutions pour une meilleure transmission de la foi. Parmi ces solutions figure un nécessaire retour à l'équilibre entre les notions de Miséricorde et de justice divines, en s'appuyant sur la tradition de l'Eglise. L'auteur, Jean-François Reille, a bien connu Gérard Soulages, le fondateur de cette Association. A sa suite, il démontre qu'en occultant une partie du message, on a éloigné de l'Eglise la plus grande partie de nos concitoyens. Il s'agit de proclamer la vérité sans rien omettre de ce qui est essentiel pour une bonne compréhension de la foi de l'Eglise.
Titre : « Tous au Paradis !? »
272 pages + 12 pages de photos couleur
Prix de vente 20 €
Livraison sous 8 jours.
4ème de couverture :
En tous lieux, dans chaque diocèse de France, il se fait quantité d'actions, on rivalise d'imagination, pour que l'Eglise joue pleinement son rôle premier : faire connaître le Christ et le message de l'Evangile.
Le but de ce livre n'est pas de sous-estimer ce qui se fait de bien, mais de remettre au premier plan la vérité sur le salut des hommes et d'en faire une condition incontournable pour le renouveau qui s'annonce.
Contrairement à ce qu'on a souvent laissé croire ces cinquante dernières années, le Paradis n'est pas assuré pour tous. Le salut n'est pas automatique. Un message mal transmis a conduit à l'indifférence le plus grand nombre de nos contemporains.
Pourtant, l'Eglise n'a jamais varié dans sa foi exprimée par le Credo : le Christ reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Chacun doit se déterminer sur la façon dont il veut conduire sa vie pour répondre au plan de Dieu sur lui.
Reprenons les belles et fortes paroles de Mgr Aupetit faisant allusion au sauvetage programmé de Notre-Dame de Paris : « Ensemble frères et sœurs, avec le don de l'Esprit-Saint qui nous vient du Père par le Fils, nous rebâtirons notre Eglise. »
BON DE COMMANDE
à retourner avec votre chèque à Fidélité et Ouverture,
16 rue du Château d'Eau – 36100 NEUVY-PAILLOUX
(chèque à l'ordre de Fidélité et Ouverture)
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TABLE DES MATIÈRES
Quel avenir pour l'Eglise de France ?
Fidélité et Ouverture : genèse de la résistance
pour la défense de la foi.
Souvenirs de Fidélité et Ouverture et de vie en Eglise
Le rapport doctrinal du Cardinal Lefebvre :
L'Eglise de France avant Vatican II
Le protestantisme et l'anniversaire de la Réforme
Le catéchisme en France :
Une question en souffrance depuis quarante ans
Faut-il parler des fins dernières ?
Pour une catéchèse intégrale en vue de l'évangélisation
Fins dernières et catéchèse : réactions et développements
Le catéchisme en France et la transmission de la foi
Méthodes et structures de la catéchèse
Documents romains et français de référence
Proposition pour un renouveau de la catéchèse
Réconciliation des catholiques par la charité
La prière dans la vie du croyant
L'avenir de la catéchèse après la publication du Texte
National pour l'orientation de la catéchèse en France
Annexes :
Catéchisme de l'Eglise catholique – la foi de l'Eglise
sur le salut
Lettre du Cardinal Honoré
Extraits d'homélies
La crise de l'Eglise en France, par Gérard Soulages
Lettre à un évêque de France
Nos enfants seront-ils chrétiens ?
Nous les « Anciens », sommes-nous responsables
de la crise de l'Eglise ? Signification profonde de
Vatican II, par Gérard Soulages
Témoignage du Colonel de Bonneval
Les problèmes religieux pendant la Révolution dans
le canton de Neuvy-Pailloux (Indre)
ADHESION
A L'ASSOCIATION
Les
adhésions à l'association "Fidélité
et Ouverture" sont à envoyer à la Trésorière
:
Mme Véronique CHEVRIAUT, 1 bis chemin des Vignes, 36130 MONTIERCHAUME.
Montant
de l'adhésion : 12 Euros par an. Membre bienfaiteur à partir de 20 €.
Possibilité de demander un reçu pour réduction d'impôts.
DECOUVERTE D'UN TEXTE DE JEAN CHOUTEAU
En rangeant des livres début 2016, Madame Chouteau a découvert ce texte de son mari,
Jean Chouteau, retraçant les prémices d'une grande amitié avec Madeleine et Gérard Soulages, née dans les difficultés d'être chrétien dans le milieu de l'Education Nationale des années cinquante, comme celles de vivre sa foi dans une Eglise en mutation, bouleversée par les désordres qui se sont emparés d'elle après le Concile Vatican II.
Ce fut le début d'une aventure, celle de Fidélité et Ouverture, quand des croyants se sont levés pour la défense de la Foi catholique, en union avec les personnalités les plus remarquables.
Ce combat porta beaucoup de fruits et nous n'avons pas fini de les découvrir, dans notre Eglise qui se remet lentement et qui cherche à transmettre sa Foi.
« Serviteurs inutiles mais toujours utilisés ! », disait Gérard Soulages.
Voici ce texte de Jean Chouteau :
GÉRARD SOULAGES (1912-2005)
par Jean CHOUTEAU
C'est à la rentrée scolaire de 1947 que j'ai fait la connaissance de Gérard Soulages. Instituteur à Saint-Martin-de-Lamps, près de Levroux, il parcourait à bicyclette les 25 Km qui le séparaient de Châteauroux pour participer aux réunions de la Paroisse universitaire qui regroupait les chrétiens de l'Education Nationale.
Cette époque d'après guerre, marquée par la renaissance des partis politiques, connaissait une agressivité religieuse particulièrement vive. Je l'ai d'ailleurs personnellement ressentie, à l'Ecole Normale de l'Apprentissage, lorsque le professeur de français s'amusait à contredire, dans ses exemples, certains passages de l'Evangile. Mais c'est à l'Ecole Normale des instituteurs de Châteauroux que l'intransigeance fut le plus marquée en refusant aux élèves internes, l'autorisation de sortir pour assister à la messe du dimanche.
Gérard Soulages prit leur défense. Il se fit des ennemis. Cependant, si le sectarisme l'empêcha d'obtenir le poste de professeur des collèges qu'il demandait, l'enseignement secondaire l'accueillit comme professeur de philosophie au lycée Jean Giraudoux. C'est alors qu'il put s'installer à Châteauroux et finalement s'y épanouir, admiré de ses élèves, accepté de ses collègues, pour la plus grande joie de ses amis.
Le thème de la laïcité fut celui d'une première étude. La séparation de l'Eglise et de l'Etat nous apparut alors dans son aspect positif. Comme la neutralité consiste à ne pas prendre parti, la laïcité ne doit donc appartenir à personne, encore moins à une idéologie, à un syndicat d'enseignants comme à un parti politique. Elle refuse le sectarisme, elle réclame la tolérance. C'est donc à ce titre que les pratiquants, comme les non croyants, peuvent trouver une place et se sentir à l'aise dans l'école laïque.
C'est incontestablement la Paroisse universitaire qui nous permettait de vivre la profondeur de la foi. Mais pour Gérard Soulages, des rencontres familiales devaient également être tentées. C'est ainsi qu'en 1951, les premières vacances furent organisées.
A 900 mètres d'altitude, dans un village de montagne abandonné, d'anciennes bergeries aménagées nous accueillirent, point de départ d'une vie communautaire où les enfants, libres d'espace et les adultes soucieux de détente, purent apprécier pendant quelques semaines, une vie simplifiée, meublée de prières et de conférences. De solides amitiés se développèrent en ce lieu béni que l'abbé Gaulmier ne manqua pas de baptiser "le Mont Sinaï". C'était dans la Drôme, chez Marcel Légaut, aux Granges de Lesches, dans le Diois.
Riche expérience dont Madeleine et Gérard Soulages profiteront lorsqu'il s'agira d'organiser les sessions d'été du groupe Fidélité et Ouverture qu'ils vont conduire de 1972 à nos jours, pour approfondir les textes d'application du Concile Vatican II que les progressistes et les traditionalistes interprétaient selon des points de vue opposés.
Un bulletin trimestriel fut édité, des réunions parisiennes furent fixées et chaque été, une session de cinq jours permit une mise au point du Groupe soutenu spirituellement et matériellement par une communauté religieuse d'accueil.
C'est alors que la raison d'être de Gérard Soulages nous fut révélée :
La sagesse du philosophe, la compétence du théologien, ses audaces d'écrivain, sa charité à toute épreuve, le mirent en relation avec les plus hautes personnalités de toutes les églises chrétiennes. C'est ainsi que Jean-Paul II, avant d'être pape, lui demanda, en 1975, de venir le voir à Cracovie.
RAPPEL BIOGRAPHIQUE SUR GERARD SOULAGES
par Marie-Louise MANSON
Il est sans doute opportun de préciser quel fut le parcours du fondateur de FIDÉLITÉ ET OUVERTURE, en puisant à la meilleure source qui soit, à savoir le témoignage de Madame Soulages.
Gérard Soulages est né le 23 août 1912 à Villefranche de Rouergue. Son père revint gazé de la Grande Guerre. Il était instituteur. Sa mère, après avoir exercé le métier de couturière, tint un commerce de nouveautés. Un frère, né en 1916, mourut à quelques mois, et de ses deux sœurs, nées en 1920 et 1924, seule la dernière survécut. C'est dire que cette famille connut de dures épreuves.
Jeune, il passa par le scoutisme, avant de connaître le régiment à Toulouse.
C'est en 1935 qu'il rencontra Marcel Légaut, dont la personnalité spirituelle devait avoir une grande importance pour lui, et dont il fréquenta le groupe de nombreuses années.
Puis il connut un épisode d'intense réflexion philosophique lorsqu'il exerça le métier de berger dans les Hautes-Alpes de 1938 à 1939. Il prépara et passa le baccalauréat en 1942, puis une licence de philosophie.
Il fit la guerre 39-40, notamment en Normandie.
Il fut instituteur d'abord à Château-du-Loir, puis dans l'Indre (Lye, Saint-Martin-de-Lamps, Vineuil). Marié en 1940, il perdit sa femme en 1942 en même temps que leur petite fille. C'est en 1944 qu'il épousa Madeleine Soulages, qui lui donnera quatre enfants ; ils eurent la douleur de perdre le premier à quelques mois.
Quand il passa le concours d'inspecteur primaire, préparé à Saint-Cloud, la route lui fut barrée en raison de ses convictions religieuses.
Nommé instituteur à Châteauroux, il passa en 1958 au lycée de cette ville, où il s'était installé ; il était chargé de cours de littérature, de géographie, etc... avant de se voir confier la chaire de philosophie, qu'il occupera jusqu'en 1972.
C'est alors qu'il se consacra, ainsi que Madame Soulages, au groupe FIDÉLITÉ ET OUVERTURE, fondé avec l'encouragement de plusieurs personnalités de l'Eglise, après les congrès tenus à Strasbourg et Versailles par les "Silencieux de l'Eglise", chrétiens blessés par les dérives issues du Concile Vatican II, dont se réclamaient abusivement des prêtres et des laïcs "contestataires". On sait que le pape Paul VI a parlé à ce propos des "fumées de Satan"... Mais la voie des "intégristes" de Mgr Lefebvre paraissait également impossible à Gérard Soulages, soucieux de fidélité à Rome autant que d'ouverture aux problèmes de l'homme de ce temps. C'est cette ligne de crête qu'il pensa toujours devoir suivre ; ce que reflètent fort bien les activités du Groupe pendant 40 ans et le contenu de son bulletin.
Les détails figurent sur notre site Internet, permettant de se faire une idée plus précise des courants de pensée et des échanges fructueux avec des personnalités de toute sorte du monde intellectuel et ecclésiastique qui marquèrent Gérard Soulages et le mouvement fondé par lui.
Cependant, il n'est pas inutile de rappeler ici quelques-unes des lignes de force qui structurent sa pensée, et qu'exprimait fort clairement une lettre adressée par lui au Révérend Père abbé de Randol avant la session d'été que FIDÉLITÉ ET OUVERTURE tint auprès de cette abbaye, filiale de Fontgombault, en l'an 2000 ; en voici de larges extraits :
TEXTE DE GÉRARD SOULAGES
1 – C'est la crise de l'Eglise qui est à l'origine du groupe FIDÉLITÉ ET OUVERTURE et, spontanément, je me suis tourné vers des centres qui vivaient en profondeur de la foi catholique, en particulier vers l'abbaye de Fontgombault et vers vous. Toute ma vie, j'ai souhaité que l'Eglise soit un centre d'unité ; et, dès 1933, au groupe Marcel Légaut, nous priions pour la réconciliation des chrétiens : le Père Portal, Lord Halifax, l'abbé Couturier... Mais, après Vatican II, notre prière s'est précisée : nous avons souffert de la rupture de Mgr Lefebvre. D'où mon livre « Division ou pacification dans l'Eglise ». Je sais que vous aussi souhaitez la réconciliation des catholiques autour du Saint-Père. J'ajoute ceci : l'ouverture à l'homme moderne et à sa culture n'est fondée que par une totale fidélité au Dieu de la Révélation.
2 – L'exégèse : je ne suis pas totalement ignorant de ces problèmes et j'ai regretté certaines modes qui nous auraient tournés vers Bultmann. D'où de nombreux articles dans notre bulletin. Cela m'a valu des attaques et même des insultes. C'est M. le Cardinal Ratzinger qui a pris notre défense (...). Oui, avec Divino afflante, il faut toujours rechercher le genre littéraire d'un texte biblique avant d'en faire la critique, - et l'on doit être capable de faire, en même temps, la critique de sa propre critique, la critique de ses hypothèses de travail... Surtout, il faut, de toute nécessité, passer de la critique rigoureuse d'un texte à son interprétation spirituelle, à l'herméneutique, qui nous oblige à situer ce texte dans la plénitude de la Révélation et d'en saisir la signification pour la foi. De ce point de vue, j'attache une grande importance au travail du Père Ignace de la Potterie (qui est un ami du Groupe) : Exégèse chrétienne aujourd'hui. Cette position me rend très libre devant les travaux de Bultmann, qui finalement nous plongent dans un certain fidéisme luthérien. Cette attitude m'a valu l'amitié d'un autre luthérien, le professeur Oscar Cullmann, qui était présent au Concile : il avait retrouvé une position proche de l'Eglise catholique avec son Histoire du Salut, même s'il n'avait pas compris que la notion de Tradition vise une vie relevant de l'Esprit, et par là une manière d'interpréter l'Ecriture.
J'ai écrit, dans notre Bulletin et ailleurs, que la Tradition est une « Mémoire qui enracine l'Eglise dans son Passé pour l'ouvrir sur son Avenir grâce à un continuel rajeunissement qu'opère le Saint-Esprit ». Des autorités romaines m'ont remercié d'avoir écrit cela.
3 – Troisième point bien délicat : mes recherches sur le Péché Originel. Des chrétiens "progressistes", certes généreux, ont obscurci en eux le sens profond de la foi, parce qu'ils ont perdu le secret du Péché Originel. D'où leur incapacité à comprendre le drame actuel de notre Humanité pécheresse, et, plus profondément, à vivre de l'intérieur le mystère de l'Incarnation rédemptrice. Oui, les "progressistes", chrétiens ou incroyants, ont raison de "croire en l'Humanité", mais une telle foi n'est fondée, n'est saine, qu'enracinée dans le Dieu de la Révélation qui juge l'homme, le reprend en main et le purifie pour le sauver. L'athéisme moderne fait de l'Humanité un absolu, et nous avons l'actuel "humanitarisme". Ainsi la foi en l'homme remplace la foi en Dieu. Nous tombons ainsi dans le péché de l'idolâtrie par excellence.
Mais comment nous représenter, à notre époque, le Péché originel, alors que la Terre est devenue pour nous un point perdu dans l'infinité de l'espace et que la recherche scientifique nous affirme que l'émergence de l'homme s'est accomplie par une série d'étapes et qu'elle s'enfonce dans la nuit des temps ? Oui, l'Eglise a raison d'affirmer les thèses traditionnelles :
- Dieu a créé l'homme à son image et ressemblance.
- Dieu est intervenu directement pour la création de l'être humain.
- Au départ, il y a eu certainement monogénisme.
Cependant, cela affirmé sans hésitation, il faut préciser que nous ne savons pas comment Dieu s'y est pris pour créer le premier homme. La Genèse nous révèle seulement pour la foi la signification de l'acte créateur divin. Mais nous ignorons totalement les modalités empiriques de l'acte créateur divin. Paradoxe : la recherche scientifique nous dévoile certaines modalités de l'acte créateur, au moins partiellement, parce que la dimension spirituelle et métaphysique de la création de l'être humain échappe à la recherche scientifique. Or, l'Histoire du Salut, qui nous révèle l'action de Dieu dans le temps, s'est accomplie selon des étapes, les dernières étapes étant Israël, Jésus-Christ, l'Esprit-Saint qui agit dans l'Eglise. Il me semble que les étapes de l'Histoire du Salut éclairent et donnent un sens nouveau aux étapes multiples de l'Histoire de la vie, - non seulement les éclairent mais les accomplissent. D'où ma profession de foi personnelle :
« Je crois en Dieu,
qui veut refaire ma vie et celle de l'Humanité
par Israël et la Torah,
par Jésus-Christ, son Evangile, sa Passion et sa Croix,
par l'Esprit-Saint qui guide l'Eglise
et engendre en elle l'Homme nouveau, les Saints,
afin qu'au jour du Jugement
la Création renouvelée soit accomplie par le Christ
et que Dieu soit tout en tous. »
Profession de foi strictement personnelle que je dois à la méditation assidue de Saint Paul. Cette profession de foi suppose trois choses :
- La beauté et la bonté de la création.
- La gravité du péché de l'homme qui désobéit à Dieu.
- Le rôle bouleversant du Christ, le salut qu'Il apporte, celui que nous révèle le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, où il est dit que le Christ doit faire la conquête de toute la Création, y compris de la Mort, pour la remettre entre les mains du Père "afin que Dieu soit tout en tous". Ainsi le péché de l'homme, le péché originel, retrouve toute sa place et toute sa signification et il n'y a plus d'opposition entre l'enseignement le plus assuré de l'Eglise et la recherche scientifique.
Trois remarques :
- D'abord, la recherche scientifique n'est jamais achevée. Elle remet toujours en question ses propres découvertes et est toujours en recherche. Un texte de Pascal, tiré de son opuscule "Traité sur le vide" l'exprime admirablement : « De sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement. »
- Ensuite, importance pour tout homme, et d'abord pour le chrétien, des structures de la loi, donc des règles. Le Christ ne vient pas abolir la Loi, mais l'accomplir par l'Evangile, par la Charité.
- Enfin, deux aspects dans cet accomplissement : en premier lieu le renouvellement en profondeur du cœur de l'homme par la grâce divine qui nous apprend à aimer comme Dieu aime avec une infinie intelligence, une infinie patience, une infinie bonté... Mais ce renouvellement d'ordre surnaturel se double d'un enrichissement naturel visible de nous-mêmes : un plus grand équilibre, une intelligence plus perspicace, une maîtrise de soi plus assurée, une admirable douceur. Les saints sont des êtres parfaitement accomplis du point de vue humain.
Oublier le Péché originel, c'est obscurcir les profondeurs de la foi et c'est aussi enlever son vrai sens au mystère de l'Incarnation rédemptrice, - et c'est, en même temps, ne plus comprendre le drame trop visible de notre Humanité actuelle, capable des plus grandes choses mais aussi des plus monstrueuses (...)
L'expérience mystique nous fait pressentir ce qu'aurait pu être l'homme si, dès l'origine, son vouloir profond s'était identifié au vouloir divin.
LETTRE D'INFORMATION
Une lettre d'information a été envoyée aux abonnés le 3 août 2015. Vous pouvez la consulter sur notre site en cliquant ici.
RENONCIATION DE BENOIT XVI ET ELECTION DU PAPE FRANÇOIS
Chers Amis,
Les événements récents ont bien sûr été vécus de façon attentive et avec beaucoup d'émotion par les membres de Fidélité et Ouverture, les anciens qui ont connu les bouleversements de notre Eglise il y a quelques décennies, comme ceux qui se sentent proches du combat mené en son temps par Gérard Soulages et ses amis, proches des réflexions encore nécessaires pour que notre Eglise de France soit toujours plus fidèle et unie.
Nous nous souvenons du jour d'avril 2005 où le cher Cardinal Ratzinger fut élu pape. Nous connaissions les liens de Fidélité et Ouverture avec celui qui, aux côtés de Jean-Paul II, tenait ferme depuis longtemps contre les dérives qui menaçaient de faire chavirer le navire Eglise. Le Cardinal avait à diverses reprises confirmé Gérard Soulages et ses amis dans leurs efforts pour que les croyants restent fidèles à la doctrine catholique tout en étant ouverts au monde actuel.
Benoît XVI a décidé de renoncer au Siège de Pierre. Nous ressentons notre pauvreté, mais nous voilà riches de ses enseignements, de ses encycliques, de ses livres qui continueront d'éclairer notre Foi.
Bienvenue au pape François ! L'unanimité des commentaires positifs qui a entouré les premiers gestes de son pontificat est réconfortante. Avec l'aide de l'Esprit Saint, continuons de travailler à ce qui fut l'obsession de Benoît XVI : la transmission de la Foi dans sa pureté et la vie en Christ : que tous le connaissent !
Concluons par le dernier message de Benoît XVI comme pape : « Merci pour votre amour et pour votre soutien. Puissiez-vous expérimenter toujours la joie de mettre le Christ au centre de vos vies. (...) Allons de l'avant en compagnie du Seigneur. Et maintenant, de tout cœur, je vous bénis ».
J-F. R.
Nous portons à votre connaissance cette possibilité de cours par correspondance, en lien avec le Service Biblique Catholique EVANGILE ET VIE
LE PASSAGE
Cours par correspondance pour approfondir la foi chrétienne
Les cours du Passage s'adressent à celles et à ceux qui désirent approfondir la foi chrétienne ou qui sont intéressés par l'un des sujets proposés dans ce programme.
Ils permettent d'être guidés personnellement pour mieux comprendre sa foi et lui donner du souffle.
Ces cours peuvent aussi permettre de mener une réflexion avec des amis ou dans une équipe, dans une communauté, dans une paroisse.
Pour l'inscription ou pour toute demande, s'adresser à :
LE PASSAGE
3 rue Duguay-Trouin
75006 PARIS
Tél : 01 45 44 03 30
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Les cours comportent 8 travaux écrits. Coût 170 €
Exemples de cours :
DIEU AUJOURD'HUI
DIEU LE PERE
DECOUVRIR JESUS-CHRIST
LE MYSTERE DE JESUS-CHRIST
LES GRANDES INTUITIONS DE VATICAN II
LA MORALE CHRETIENNE
NOS RAISONS DE CROIRE ET D'ESPERER
APPRENDRE A LIRE LA BIBLE
Etc...
D'autres cours comportent 3 travaux écrits. Coût : 80 €
Les Mini-cours avec un seul travail écrit. Coût : 25 €
LE PASSAGE offre la possibilité d'étudier, en relation avec un correcteur qualifié, un cours de votre choix.
Le rythme est normalement l'étude d'un chapitre par mois. Il peut être ralenti ou accéléré selon les possibilités de chacun. Compter plusieurs heures de travail pour chaque chapitre. Le livret du cours est envoyé après la réception du règlement de l'inscription.
IN
MEMORIAM
Monsieur
Gérard SOULAGES est le fondateur du Groupe FIDELITE
ET OUVERTURE.
Professeur
de philosophie à Châteauroux, ses engagements
dans la vie de l'Eglise lui ont fait connaître de près
tous les remous existant depuis les années 30 et l'ont
mis en contact avec d'éminentes personnalités,
universitaires comme H.I. Marrou, J. Perret, G. Marcel, J.
Guitton, ou ecclésiastiques comme les cardinaux Journet,
de Lubac, Daniélou.
Tous
appelaient de leurs vux le renouveau que devait apporter
le Concile Vatican II, mais tous ont ressenti une vive inquiétude
en constatant qu'une mauvaise interprétation de celui-ci
tendait à occulter des aspects majeurs de la foi chrétienne,
" la Foi chrétienne authentique, celle qui nous
enracine dans le Dieu de la Révélation, celle
qui sait les étapes de l'histoire du salut, la place
d'Israël, la Seigneurie du Christ, le rôle de l'Esprit
dans l'Eglise, et l'importance de ce jugement dernier que
certains s'obstinent à nous faire oublier " (Préface
de G. Soulages à son Dossier
sur le problème de la catéchèse
- 1977).
C'est
pourquoi, encouragé par les grands esprits et grands
serviteurs de l'Eglise ci-dessus nommés, Monsieur Soulages
a fondé en 1972 le groupe Fidélité
et Ouverture : fidélité à
la grande Tradition de l'Eglise, entendue non comme un héritage
figé, mais comme une transmission vivante des vérités
de la foi, et en même temps ouverture aux problèmes
spécifiques des hommes de ce temps.
Animateur
infatigable tant que sa santé le lui a permis, et grâce
à l'appui sans faille de son épouse, Gérard
Soulages a maintes fois souligné dans ses livres, dans
le bulletin trimestriel du Groupe, dans les réunions
de celui-ci à Paris ou ses sessions d'été,
l'importance de toutes
les propositions du Credo (il aurait souhaité une plus
large diffusion du "Credo de Paul VI", armature
toute trouvée d'une catéchèse solide)
; le lien entre la vie spirituelle et la morale chrétienne,
fidèle au Décalogue et aux Béatitudes
; la lecture des Ecritures, dont le Magistère est l'exégète
autorisé ; l'attention aux écrits des Pères
aussi bien qu'à la vie des saints les plus humbles
; la place, dans notre vie chrétienne, de la Vierge,
des martyrs, des saints, qui dès l'origine ont aidé
tant de générations à vivre leur foi
; l'économie sacramentelle reçue du Christ,
et transmise, développée, précisée
par l'Eglise et les conciles ; l'importance, par conséquent,
du sacerdoce ministériel et du saint sacrifice de la
Messe ; la confiante obéissance au Pape et aux évêques
en communion avec lui, et donc aux apports du concile Vatican
II, sans qu'on se permette de l'interpréter au gré
des fantaisies individuelles pour lesquelles ouverture au
monde signifie parfois, abusivement, conformité aux
revendications de l'hédonisme matérialiste ambiant.
Il faut signaler aussi ses rapports confiants avec un saint
prêtre, exégète éminent, M. l'Abbé
Carmignac ; il appréciait son souci de ne pas lancer
sans contrôle dans le grand public des hypothèses
de travail propres à déstabiliser la foi, mais
de montrer au contraire par une patiente et savante analyse
des textes - ceux de Qûmran par exemple - combien le
contenu des Evangiles était fiable.
Ancré
dans ce qu'il appelait "l'abrupt de la foi", Gérard
Soulages savait qu'au cur de toute vie chrétienne
authentique se place l'épreuve de la Croix, mais il
avait parallèlement une confiance totale dans la miséricorde
infinie de Dieu ; aussi accompagnait-il la signature de toutes
ses lettres de la formule : " In misericordia Domini
".
Il
n'est pas étonnant que ces dispositions lui aient valu
l'estime de maints grands théologiens de notre époque,
y compris le théologien protestant Oscar Cullmann qui
trouvait avec lui bien des points d'accord, ou le théologien
catholique Hans Urs von Balthazar avec qui il échangea
une correspondance suivie. Ni qu'il ait salué avec
une joie profonde la clarté et la fermeté des
enseignements du Pape Jean-Paul II ; la publication du "Catéchisme
de l'Eglise Catholique" et, à une date toute récente,
de son abrégé, répondait aussi opportunément
à sa profonde souffrance devant les échecs de
la transmission de la foi dans au moins deux générations
successives.
Il
supporta patiemment de rencontrer des incompréhensions
agacées et se targua peu des échos favorables
à ses efforts obtenus parfois au plus haut niveau,
lui qui se qualifiait volontiers de " serviteur inutile
encore utilisé " ; son rôle dans l'Eglise
ne fut pas négligeable et le temps permettra de mieux
le mesurer.
Le
Groupe Fidélité et
Ouverture, constitué de personnes bien différentes
par leur origine, leurs options, leur sensibilité,
s'est soudé autour des certitudes de foi défendues
avec un courage admirable par Monsieur Soulages, et les a
relayées auprès de divers milieux et mouvements
; " communauté utopique et provisoire ",
disait-il avec une souriante humilité, mais l'amitié
spirituelle profonde qui la caractérise survivra à
son fondateur.
Gérard
Soulages est mort au matin du 3 Octobre, jour de sa fête.
A cette date, pour l'office du milieu du jour, on récite
des extraits du psaume 118 (119 suivant l'autre numérotation)
; il pourrait tout entier servir d'illustration au combat
de ce grand serviteur du Christ et de l'Eglise. Retenons seulement
ces quelques versets pour conclure :
"
Dans tes volontés je mets mes délices ;
Je n'oublie pas ta parole (
)
Guide-moi au chemin de tes commandements,
Car j'ai là mes délices.
(
) Que ta main me soit en aide,
Car j'ai choisi tes préceptes !
(
) Que vive mon âme à te louer ! "
|
Marie-Louise
MANSON
Secrétaire de Fidélité
et Ouverture
13, rue Sully 37000 TOURS |
Quelques photographies de membres du Groupe Fidélité et Ouverture
LA
FOI DE L'ÉGLISE ET L'ÉCRITURE
(extrait
du bulletin N° 167 de janvier 2003)
Voici
un texte important de Gérard Soulages. Il est possible
de commander les bulletins en prenant contact par e-mail.
Monsieur le Cardinal Ratzinger nous a adressé, en mars
2001, une lettre très importante. Je voudrais réfléchir
sur ce texte qui devrait guider l'effort du groupe "FIDÉLITÉ
et OUVERTURE".
I
- (Citation de la lettre du Cardinal Ratzinger)
Joseph
Cardinal Ratzinger
I - 00120 CITTA DEL VATICANO
2 mars 2001
M. Gérard Soulages
Fidélité et Ouverture
81 bis, Avenue de Blois
F-36000
CHÂTEAUROUX
Monsieur
Recevez mes excuses pour le retard de ma présente
réponse, dû à l'abondance de travail
au cours de ces derniers mois.
J'ai
lu avec une attention particulière vos réflexions
sur le péché originel. Elles constituent
un grand pas au sujet de la relecture nécessaire
de ce dogme dans le contexte de la vision moderne du
cosmos et de l'origine de l'homme, profondément
pénétrée par l'idée d'un
monde en évolution. Ces réflexions vont
dans la juste ligne et jettent une lumière nouvelle
sur la compréhension de l'essence du péché
originel.
Je
vous remercie aussi pour les autres apports et surtout,
pour la patiente et continuelle insistance sur la redéfinition
de l'exégèse historico-critique en référence
à la nécessité d'une lecture ecclésiale
de la Bible. Celle-ci doit prendre en compte l'interdépendance
réciproque qui existe entre l'Eglise et l'Écriture.
La Parole de Dieu porte en soi l'Eglise dans laquelle
et de laquelle elle est née et l'Eglise, à
son tour, vit de l'Écriture à travers
laquelle son Époux, le Christ lui parle.
En
vous renouvelant ainsi qu'à tous les membres
de "Fidélité et Ouverture" mes
meilleurs vux, je vous prie d'agréer l'expression
de mes sentiments dévoués.
Joseph Card. Ratzinger
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J'analyserai
d'abord la deuxième partie de ce document qui traite
de "l'existence Historico-critique en référence
à la nécessité d'une lecture ecclésiale
de la Bible". Par besoin de vérité,
le chrétien comme tout homme est incliné à
une analyse critique des textes bibliques. Pour nous guider,
notre ami Henri Marrou nous a laissé une sorte de testament
d'historien avec son livre : "De la connaissance historique"
(Seuil), que confirme l'uvre de Jean Guitton. Nous devons
pratiquer une lecture critique des textes de l'Ancien et du
Nouveau Testament. Mais une telle lecture n'est saine que
si elle se double de la "critique de la critique",
de la prise de conscience des pré-supposés,
des pré-jugements philosophiques et théologiques
qui commandent cette critique. Au siècle dernier, le
Père Lagrange a été pour nous un modèle
d'une critique ouverte des textes du Nouveau Testament qui
nous délivrait de Loisy et de Bultmann.
En
ce moment, je lis avec une grande attention le dernier travail
du Père Philippe Rolland : "La mode "pseudo"
en exégèse" (Éditions de Paris).
Une analyse extrêmement minutieuse montre à l'évidence
que les derniers livres du Nouveau Testament ne sont pas des
faux tardifs, mais qu'ils sont témoins de ce tragique
combat qu'ont mené les disciples du Christ par amour
de leur Seigneur Jésus. On peut et on doit dater avec
précision ces documents, et tout d'abord l'épître
aux Hébreux, - et avec elle une série de textes
qui s'entrelacent et dépendent les uns des autres.
Pour les derniers textes du N.T., le Père Rolland propose
l'ordre suivant : d'abord, Tite, 1ère Timothée,
2ème Timothée, 2ème Pierre, Hébreux,
Jude. Et tous ces documents doivent être situés
avant la chute du Temple, avant 70. Résultat : avec
tous ces textes étonnamment reliés entre eux,
interdépendants et datés avec précision,
le Nouveau Testament se présente comme témoin
d'un fait historique très précis, massif, incontournable,
qui fonde la Foi de l'Eglise. L'Eglise naissante se découvre
comme un tout vivant, comme une semence, comme un véritable
germe unifié qui ne demande qu'à grandir et
qu'à se développer.
Mais,
près de cette exégèse historico-critique,
près d'une analyse scientifique des textes de la Bible,
il faut mettre quelque chose d'encore plus essentiel, la
recherche de la signification spirituelle de tous ces textes
pour la foi. Les philosophes, les théologiens se
servent d'un terme savant pour désigner cette recherche
: l'herméneutique. Avec cette recherche, nous
entrons directement dans le domaine religieux chrétien,
et même les hommes d'Eglise les plus humbles, deviennent
des "herméneutes", des témoins spirituels
des réalités enfermées dans l'Écriture,
dès qu'ils veulent commenter le moindre texte de la
Bible - par exemple chaque dimanche lorsque le prêtre
doit expliquer à la messe les textes de la liturgie.
Paradoxe : c'est l'Eglise elle-même qui est "herméneute"
par excellence, celle qui a la charge de dire le sens spirituel
de l'Écriture, de faire connaître aux hommes
la vraie signification de la Révélation. Cela
nous délivre de nombreuses hésitations et de
nombreuses erreurs. Immense importance des Conciles cuméniques.
Un concile réunit tous les évêques de
l'Eglise à un moment solennel de son histoire ; et,
de ce fait, il oblige ces témoins privilégiés
de la foi à travailler ensemble, à échanger
leur savoir, leur expérience chrétienne, leur
enracinement en Dieu. Surtout, réalité ecclésiale
bien plus profonde : l'Eglise affirme que l'Esprit Saint est
présent et agit au cur des débats d'un
Concile, non seulement dans l'intention secrète qui
commande chacun des Pères conciliaires, mais globalement
avant tout et surtout parce que l'Eglise est l'Épouse
de Christ et que Dieu prend un soin particulier, vraiment
unique, de son Épouse. Résultat : le simple
fidèle peut se dire lui-même, peut proclamer
sans hésiter : "Je crois ce que croit l'Eglise,
ce qu'elle affirme, ce qui la fonde". Ainsi est dépassée,
rectifiée, complétée la simple exégèse
historico-critique. Plus profondément : avec l'herméneutique,
la recherche ecclésiale de la signification des Écritures
est accomplie. La foi établit dans chaque chrétien
un fondement d'une extrême solidité, qui est
bien plus que ce que nous pouvons arriver à connaître
personnellement avec nos propres forces et notre propre savoir,
mais qui est ce que tout croyant reçoit et sait, avec
les forces et le savoir de l'Eglise, avec les Forces et le
mystérieux Savoir de Dieu. Importance primordiale du
Credo.
II
-
L'analyse
du deuxième paragraphe de la lettre du Cardinal Ratzinger
va nous permettre d'aborder la première partie de ce
document et de l'approfondir, en réfléchissant
sur le dogme du Péché Originel. L'élaboration
de la notion de "Péché Originel" dépend
certainement de l'exégèse critique des textes
de l'Écriture, en particulier de l'exégèse
du premier livre de la Bible, la Genèse, - mais,
en même temps, ce dogme relève de l'enseignement
le plus assuré de l'Eglise, un enseignement qui nous
oblige à réfléchir sur le destin de l'Humanité
et sur la signification spirituelle de ce destin. Nous retrouvons
ainsi l'herméneutique.
Que
l'on m'autorise des confidences
Dans ma jeunesse, j'avais
été mêlé à des recherches
sur l'origine de l'homme, celles que menaient Teilhard de
Chardin, l'abbé Breuil, Mademoiselle Henriette Alimen,
Edouard Le Roy, et bien d'autres chercheurs, certains philosophes
de grande autorité. Nous ne dirons jamais assez ce
que nous devons à Bergson. Une question me tracassait
: comment l'acquis scientifique moderne, définitif
en certains points, peut-il être concilié avec
l'enseignement traditionnel de l'Eglise sur le mystère
de l'homme et sur le Péché Originel ? A première
vue, il y avait là une contradiction. Une réponse
nous était donné par le Père Teilhard
de Chardin qui voit dans l'émergence d'un être
pensant capable de raison et de réflexion, capable
de liberté, l'accomplissement supérieur de la
Vie. A la bio-sphère succède la noosphère,
la sphère de l'Esprit qui définit le domaine
de l'Humanité. Certes il est difficile de percevoir
quand un "hominidé" n'est plus un simple
animal entièrement soumis aux déterminismes
de la nature, mais devient un être véritablement
humain. En fait, ce problème est lié aux obscurités
dès que l'on cherche à passer du domaine objectif
des faits à leur signification spirituelle pour le
philosophe et pour le théologien.
Cette difficulté apparaît lorsque nous nous demandons
à quel moment un embryon fécondé devient
un être humain véritable. Déjà
saint Thomas d'Aquin semble avoir hésité, lorsqu'il
se demandait s'il fallait attendre trois mois pour dire qu'un
ftus est véritablement un être humain
Entre un embryon fécondé et un être humain
accompli, il y a autant de différences qu'entre le
tout petit enfant et l'homme adulte, - cependant cet embryon
fécondé, ce ftus humain définitivement
accompli, ce tout petit enfant qui vient de naître,
cet homme pleinement adulte sont un seul et même être,
- et l'on parle de "personne humaine". Nous sommes
au cur des problèmes métaphysiques les
plus difficiles.
Ce
que je viens d'écrire me rend humble et prudent. Qu'est-ce
que le Péché Originel ? Oui, le Péché
Originel est un dogme fondamental pour la foi chrétienne,
mais pouvons-nous nous représenter empiriquement un
tel Péché ? Pour le Christianisme traditionnel,
ce Péché Originel est bien autre chose qu'un
accident de l'évolution, bien autre chose qu'un "ratage",
qu'une "régression", qu'une "involution"
Pour bien comprendre cette réalité, il faut
méditer sur le texte de la Genèse, qui finalement
nous renvoie à toute la Bible, à une Humanité
en débat avec Dieu. Qui est Adam ? Un individu historique
précis, ou bien un type, le modèle de l'être
humain, mieux, le modèle de l'Humanité ? Certes,
le livre de la Genèse est bien plus qu'une parabole,
mais c'est d'abord une parabole d'une profondeur extraordinaire
qui nous découvre le destin mystérieux de l'Homme. Adam est un insoumis, celui qui a goûté
au fruit de l'Arbre du Bien et du Mal et qui désormais
refuse d'obéir à Dieu. Dans ma jeunesse, je
reprochais au vénéré Père Lagrange,
de n'avoir pas publié ses recherches sur la Genèse.
Je pense maintenant que le Père Lagrange a eu raison
d'obéir. Il faut donner du temps aux hommes pour aborder
certains problème. Désormais, nous n'avons plus
de difficultés majeures pour analyser les divers problèmes
que pose le livre de la Genèse et pour aborder sereinement
le mystère du Péché Originel. Ce Péché
nous découvre une Humanité qui refuse de se
soumettre à Dieu et qui, perdant le sens de Dieu, perd
le secret de sa finalité. De ce fait, l'Humanité
ne sait plus où elle va. L'Humanité historique,
insoumise, sans finalité, écrasée parfois
par le doute, tentée par l'athéisme, est capable
du meilleur et du pire, du Bien et du Mal. Nous faisons l'expérience
des conséquences du Péché Originel, même
si nous ne pouvons pas élucider ce mystère,
même si nous ne pouvons pas nous représenter
"empiriquement" le Péché Originel
lui-même, - je l'ai écrit plusieurs fois.
Pour parler le langage de la théologie du Concile de
Trente, le "Peccatum Originale Originans", la cause
visible du Péché Originel, à la fois
historique et métaphysique, échappe à
l'homme. En revanche, nous faisons l'expérience des
conséquences parfois effrayantes de ce Péché.
Ainsi nous touchons du doigt, non seulement les contradictions
tragiques, mais encore, et bien plus profondément,
la nécessité d'un Salut et d'une Révélation.
Péché
Originel : problème très difficile. Comme nous
remercions le Cardinal d'avoir reconnu notre effort ! :
"Ces
réflexions vont dans la juste ligne et jettent une
lumière nouvelle sur la compréhension de l'essence
du péché originel
Elles constituent un
grand pas au sujet de la relecture nécessaire de ce
dogme dans le contexte de la vision moderne du cosmos et de
l'origine de l'homme, profondément pénétrée
par l'idée d'un monde en évolution".
Conclusion : Nous retrouvons la première partie de ce travail
Oui, nécessité d'une exégèse historico-critique,
à condition que l'on soit capable de la "critique
de la critique", - à condition surtout que cette
exégèse soit renouvelée par l'herméneutique,
par une recherche ecclésiale de la Signification spirituelle
de l'Écriture pour la Foi.
Gérard SOULAGES
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