JEAN-PAUL
II
Nous
connaissons l'importance du travail accompli par Jean-Paul II
pour garder la foi au cur du peuple chrétien,
au milieu de difficultés extraordinaires, de multiples
tendances et opinions, de la diversité des problèmes
posés selon les régions du monde et les personnalités
propres à chacun. Encore n'est-il pas possible à
l'il humain d'embrasser l'ensemble d'une uvre
qui ne peut venir que de Dieu, d'une uvre où
l'audace et la prudence sont étroitement mêlées.
Voici quelques extraits de la conférence de Gérard
Soulages "Notre Pape Jean-Paul II", publiée
en octobre 1999 (bulletin N° 154) :
« Avant-propos
Voici
la lettre d'une personnalité romaine qui pourra servir
d'avant-propos à cette conférence sur notre
Pape Jean-Paul II :
"Votre
lettre touche un point capital en abordant la crise de la
Foi. Et ici, au cours des séances du Synode, les évêques
de nos pays d'Europe Occidentale sont impressionnés
par la solidité du témoignage des évêques
des pays de l'Est, tous à des degrés divers,
confesseurs de la Foi.
J'ai
encore en mémoire une phrase du Cardinal Wyszynski
dans les années 68, qui affirmait : "Nous
tenons ferme en nous appuyant sur deux dévotions capitales :
l'Eucharistie et la Ste Vierge. Or, en Occident, en France,
vous les abandonnez
" C'est très sévère
mais on en voit les résultats désastreux. Les
séminaires de l'Est sont pleins, les nôtres se
vident. La crise, la division des chrétiens, qui s'excluent
les uns les autres, n'est hélas pas terminée
et, dans bien des endroits nos jeunes prêtres qui ont
dépassé les idéologies de 68, sont marginalisés
et parfois même exclus par leurs confrères ou
par des groupes de laïcs qui se sont emparés des
"structures" paroissiales
Comme
vous me le laissez entendre, tout le reste en découle."
Oui,
il faut donner une immense importance à l'Eucharistie
et à la Vierge Marie. D'où la conclusion de
cette conférence sur notre Pape
Mais je crois
que nous devons remonter plus haut,
aux Sources de la Révélation, à Dieu,
et Dieu qui se révèle : "Pourquoi
crois-tu ? parce que Dieu a parlé."
Plus immédiatement, nous devons donner une très
grande importance au Symbole des Apôtres et au Credo
de Nicée, exactement traduit : "Consubstantiel
au Père" et non pas "de même nature".
Mon fils François est de même nature que moi
et nous sommes deux. L'Écriture enseigne : "Mon
père et moi sommes un" (Jn 10.30). Je regrette
que l'on n'ait pas suivi les conseils du Cardinal Ratzinger
qui demandait que la catéchèse soit fondée
sur Dieu qui se révèle et sur l'explication
du Pater, du Décalogue, du Credo, des Sacrements. (
)
I
- Méthode. Représentations théologiques
et Réalités de la foi
J'aime
citer un texte de saint Thomas d'Aquin tiré de la 2ème
partie de la Somme théologique : "Actus fidei
non terminatur ad enuntiabile sed ad Rem. - L'acte de foi
n'a pas pour terme ultime l'énoncé du dogme,
mais la Réalité de la Foi" (II - II,
9.1, a.2, sol.2).
Je
précise ma pensée : lorsque je traduis
"enuntiabile" par "Représentation théologique",
au lieu de "énoncé du dogme", j'avance
une précision importante. Nous
devons toujours passer des "représentations de
la théologie" à la "Réalité
de la Foi", donc à Dieu qui se révèle
et agit dans l'histoire des hommes. Mes amis savent que je
commente ainsi cette thèse : je dois toujours
passer de la photographie d'un être aimé à
sa vivante Réalité, - par exemple de la "Représentation"
que je me donne de Dieu au mystère de son être.
C'est là une règle générale qui
vaut dans tout domaine humain, scientifique, juridique, philosophique.
Par exemple : je dois passer de la représentation
que Newton se donnait de l'univers avec la loi de l'attraction
universelle, à la Réalité de l'univers
lui-même, - et si la notion d'attraction universelle
nous pose un problème insoluble, si la théorie
de Newton ne permet pas d'appréhender exactement tout
l'univers réel, alors je dois chercher une autre notion
et me donner un autre type de représentation :
c'est ce qu'a tenté Einstein. Il est toujours très
difficile de changer de système de Représentation.
(
)
Il me semble que les notions de "Représentation"
et de "Réalité" peuvent nous aider
à pénétrer le secret de Jean-Paul II,
- qui est le premier Pape de l'histoire à se présenter
comme "Philosophe" et pas seulement comme "théologien",
et qui, parce que philosophe, est "non-conforme",
toujours en recherche. Pour servir le Christ et son Eglise,
Jean-Paul II va être appelé à affronter
de manière très inattendue le monde moderne,
et il sait qu'il doit passer de certaines "Représentations"
vétustes de la théologie aux Réalités
de la foi, non pas par goût du changement ou de la nouveauté,
mais par fidélité profonde au message chrétien,
- paradoxalement par amour de la
Tradition, - la Tradition
catholique étant cette Mémoire vivante qui enracine
l'Eglise dans son Passé pour mieux l'ouvrir sur l'Avenir
grâce à l'action de l'Esprit. Oui, ouverture
dans la fidélité. (
) "
Pourquoi
le Cardinal Wojtyla était-il destiné à
devenir le Pape que nous connaissons ? Cela relève
certainement du mystère de Dieu, mais c'était
l'accomplissement presque naturel d'une personnalité
formée pour affronter les problèmes posés
à l'Eglise d'après le Concile.
Gérard Soulages et des membres de Fidélité
et Ouverture firent plusieurs pèlerinages à
Rome. Celui de 1994 était résumé ainsi
par Gérard Soulages dans le bulletin N° 129 :
« Bref récit de notre Pèlerinage
à Rome (du 22 au 29.11.94)
Le
groupe "Fidélité et Ouverture" est
allé à Rome, fin novembre. Je voulais présenter
à des personnalités romaines, Marie-Louise Manson
et son équipe. Mademoiselle Manson est une chrétienne
authentique, de caractère très ferme, agrégée
de Lettres classiques, qui a toute la confiance de nos amis
Les Cardinaux Poupard, Etchegaray et Ratzinger, nous ont reçus
avec bienveillance et nous ont dit la gravité des problèmes
que rencontrait l'Eglise. De même, se sont ouverts à
nous, Mgr Périsset, Mgr de Lanversin, Mgr Tauran,
le P. De la Potterie, le P. Moreau (de Radio-Vatican),
le P. Duroux et Dom Jean-Paul Galichet, Procureur Général
des Chartreux. Nous avons senti, en particulier, les terribles
difficultés que rencontrait le Saint-Père en
Yougoslavie, dans l'Europe Centrale, dans la Russie. Grâce
exceptionnelle : malgré sa fatigue après
son accident, le Saint-Père nous a accordé une
audience. Il a béni Marie-Louise Manson et s'est montré
très bienveillant avec moi, se souvenant de mes visites
à Cracovie et à Rome, alors qu'il n'était
qu'évêque
Ce voyage romain nous a permis
de sentir de l'intérieur, le mystère de l'Eglise
et celui de Pierre. Jean-Paul II porte une charge aux
dimensions excessives, car que dire aux hommes ? Le Pape
a certainement part à la Passion du Christ. Prions. »
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